Un peu d’Histoire

Avec l’aimable autorisation de madame Sohier-Meyrueis.

Le jardin  Frédéric Mistral a une longue histoire.

En 1884, un terrain appartenant à Mme Lahitte, fille du Dr Lauvergne, est à vendre au Mourillon. D’une superficie « d’un peu moins de 2 hectares », il est situé sous le glacis du fort Lamalgue et descend en pente douce jusqu’à la mer. Lors de la réunion du conseil municipal du 25 avril, le maire, M. Dutasta, dépose une proposition d’achat. La ville « avait le projet de construire un boulevard sur le bord de mer […] une partie du terrain Lahitte devait être employée à cette construction ».

Mais ce terrain était à l’époque d’un accès malaisé ; les deux chemins qui y conduisaient, chemin de la douane le long du rivage et chemin vicinal 33 dit des Sueilles (l’actuel boulevard Michelet) étaient de simples sentiers. Les frais de voirie estimés à 5 000 francs s’ajoutaient aux 20 000 francs d’achat. Le conseil recula.

Miramar 1827

Au sud du fort  Lamalgue, le terrain triangulaire sur lequel sera installé le jardin d’acclimatation.

(Cadastre 1827)

En 1886, La ville de Toulon doit s’agrandir à l’ouest en dehors des remparts. La mairie demande alors à la Société d’Agriculture, Horticulture et Acclimatation du Var de libérer le terrain qu’elle occupe entre l’observatoire de la Marine et l’hôpital, en échange du terrain Lahitte. Ce terrain « merveilleusement situé et abrité, serait un lieu de promenade pour la population et une attraction pour les étrangers ».

L’acte de vente est signé le 2 mars 1887. Le contrat comporte une servitude : on ne pourra « établir sur la parcelle […] ni dépotoir, ni établissement insalubre ou exhalant une odeur désagréable, ni établissement dangereux pour les voisins tels que poudrières, fabriques ou dépôts d’artifices, ou de torpilles et […] il n’y sera élevé ni caserne, ni batterie ni hôpital ».

Miramar 1888

Le terrain restera à l’abandon jusqu’en 1894, alors que le boulevard du littoral atteint le boulevard Sainte-Hélène. (Il sera prolongé devant le jardin jusqu’au Petit-Bois qu’il atteindra en 1904.)

Le 20 mai 1898, une convention est signée avec la Société, sous la forme d’un bail de location assorti d’une subvention de 2 000 francs pour la création du jardin. La Société s’engage à le clore d’une grille de fer forgé. L’entrée sera gratuite les dimanches et jours fériés ainsi que les jeudis après-midi. Les autres jours, la Société percevra un droit d’entrée de 20 centimes.

En 1902, la ville supprime d’autorité ce droit d’entrée. Très rapidement, la Société autorise la création d’un tennis dans l’angle nord-est du jardin. En 1938, il deviendra le « Tennis club Miramar ». Puis elle cède une parcelle de 1135 m² à Mme Ferrando qui y ouvre un restaurant à la mode, « Le Sourd », à l’emplacement aujourd’hui occupé par l’immeuble « le Cormoran ».

Pendant la guerre, le jardin est oublié. Plusieurs fois bombardé en 1944, il n’est plus qu’un champ de ruines. Le monument dédié à Frédéric Mistral, édifié en 1930 à l’occasion de son centième anniversaire en haut de l’escalier d’honneur, a été détruit.

Les travaux de restauration commencèrent en 1954. Le nouveau jardin est aujourd’hui divisé en plusieurs zones aux vocations bien définies : plantes rares, palmeraie, espèces exotiques.

En 1956, une statue en marbre blanc du poète allemand (romantique et francophile) Heinrich Heine, commandée par son admiratrice l’impératrice Elisabeth d’Autriche (Sissi) puis offerte en 1939 à notre ville, a été installée à l’est du jardin, sous les feuillages des filaires.

En 1959, le médaillon de bronze représentant Frédéric Mistral, retrouvé intact, a été placé à l’extrémité nord de la pelouse face à l’entrée principale du nouveau jardin.

Miramar 1900

Miramar 1900

Texte et illustrations extraits de l’ouvrage « LE MOURILLON et l’histoire de Toulon » de l’Académie du Var aux éditions « AUTRES TEMPS ».